Ce chapitre s'ouvre sur une grande photo prise dans un musée où l'on voit 2 femmes assises par terre. Elles portent des bandeaux leur permettant d'expérimenter la decouverte d'objets au toucher : des racines et des branches. Le texte introductif qui suit défile par dessus cette photo.

« L’exposition de vidéos et de photos, c’était vraiment bien. Alors aujourd’hui j’en essaie une autre. Mais cette fois, je vais les prévenir, prendre rendez-vous.
Voilà, une nouvelle aventure commence, ils m’ont dit au téléphone, vous serez surpris, il y en a pour tous les sens. Tant mieux, il est fini ce temps où les œuvres étaient seulement pour les yeux, le « circulez il n’y a rien à sentir » a fait son temps, on dirait. »

Tous les sens

Lorsqu’un sens en convoque un autre, lorsque des œuvres à regarder évoquent le toucher (la rugosité d’une racine peinte), l’odeur (un artefact de sous bois), le son (une cavité gigantesque, comme un canal auditif), le goût (un bonbon), tout est déjà là.

Comment recréer ces ponts entre la vision et un autre sens ? Comment solliciter ces transferts qui s’opèrent naturellement d’un sens à l’autre lorsqu’on voit une œuvre ?

On pourrait s’en tenir à associer une odeur, un son ou un goût à un objet que l’on donnerait à toucher. On pourrait également faire un travail sollicitant l’imaginaire, faire émerger en chacun la façon dont l’œuvre lui parle en lui proposant de donner un titre – son titre – à l’objet qu’on lui donnerait à toucher ou à goûter...

Mais il ne faudrait pas non plus oublier la circulation dans le lieu d’exposition, la façon dont les œuvres interagissent entre elles, se répondent ou s’opposent, leur taille, leur orientation. Dessiner dans la main de la personne non-voyante la façon dont les œuvres se font face, proposer une maquette, un plan, raconter, tout est possible.